La Reine des romans historiques s'est éteinte : Adieu Juliette et Merci

Juliette BENZONI

 

Une grande Dame nous a quitté le week-end dernier. Juliette Benzoni, réputée pour ses innombrables romans historiques, s'est éteinte dans son sommeil à l'âge de 95 ans alors même qu'était paru son dernier roman de la saga Aldo Morosini quelques jours plus tôt (le 28 janvier 2016). Un message a été posté sur son site officiel (bibliojbenzoni) pour annoncer cette triste nouvelle : «Nous sommes au regret de vous annoncer que malheureusement notre très très chère Juliette, notre auteur tant aimé, nous a quittés ce week-end. Elle s'est éteinte tout doucement dans son sommeil, sa fille Anne à ses côtés».

Étant moi-même une fervente lectrice de ses romans, je regrette son départ. Je n'aurai plus le plaisir immense de flâner dans les librairies à la recherche de sa dernière parution. Malgré tout, elle laisse derrière elle pas moins de 86 œuvres à lire et à relire pour apprendre cette Histoire avec un "H" qu'elle affectionnait tant.

Si sa carrière d'écrivain est notoire, peu de personnes savent qu'elle a commencé sa vie professionnelle en tant que journaliste et a même touché au beau métier de scénariste. Née à Paris le 30 octobre 1920, elle a grandi à Saint-Germain-des-Prés dans la maison qui a vu évoluer Prosper Mérimée, Jean-Baptiste Corot ou encore André-Marie Ampère. Elle a obtenu son baccalauréat et a même entamé des études supérieures à l'Institut catholique de Paris, malheureusement interrompues par la Seconde Guerre Mondiale. En 1950, veuve et mère de deux enfants, elle dû trouver un travail et se rendit au Maroc dans la famille de son défunt époux. Embauchée pour écrire des slogans publicitaires pour la radio, elle finit par collaborer à "L'Histoire pour tous" pour le Journal du Dimanche en dressant le portrait d'artistes.

Épouse du Capitaine Benzoni, son deuxième mari, elle fut repérée par l'agence de presse Opera Mundi qui lui proposa d'écrire un roman historique dans l'espoir qu'il concurrence la série des Angélique d'Anne et Serge Golon. Ce fut alors le début d'une longue série d'ouvrages tous plus palpitants les uns que les autres mais dont certains chefs-d’œuvre sont incontournables. Pour n'en citer que quelques-un, je peux ainsi donner la série des Catherine qui l'a révélé au grand public, la série des Marianne ou encore plus récemment Le Bal des Poignards.

Boudée par la critique et les jurys littéraires, intronisée "la Barbara Cartland du roman historique" - ce qu'elle trouva toujours injuste car même si elle publiait deux livres par an, son travail nécessitait d'énormes recherches historiques - elle n'en a pas moins conquis le monde et le cœur de très nombreuses lectrices puisque ses livres se sont vendus à pas moins de 300 millions d'exemplaires et ont été traduits dans plus de 30 langues. Certains ont même fait l'objet d'une adaptation cinématographique : Catherine, Marianne, Le Gerfaut des brumes, La Florentine.

Du Moyen-Age à 1930, Juliette Benzoni a dressé le portrait d'une Histoire riche en couleurs à travers des héroïnes attachantes et au caractère bien trempé. On se pâme, autant d'amour que d'effroi, au rythme des sentiments de ses personnages et de leurs aventures. On vibre, on pleure et surtout on apprend; car c'est cela aussi lire un Benzoni, c'est comprendre notre Passé. Elle m'aura inspiré une passion pour l'Histoire et je l'en remercie vivement car elle m'a ouvert une porte vers un monde aussi cruel que merveilleux.

Je lui dis donc "Adieu" et surtout "Merci !". Repose en paix parmi toutes ces figures emblématiques que tu as si bien su nous conter ...

 

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